En 2018, un arrêté de la direction de la sécurité routière, autorise, à titre expérimental, l’implantation d’un marquage au sol avec effet tridimensionnel censé faire naître un comportement plus responsable chez les automobilistes. Trois ans après le début de l’expérimentation, de nombreuses villes se sont laissé séduire par les passages piétons en trompe-l’oeil, qui font désormais partie de nos paysages urbains.
Quels sont leurs objectifs, comment les implanter dans sa commune et ont-il réellement fait leurs preuves, Ugau fait le point !
Depuis plusieurs années, les chiffres communiqués par la sécurité routière indiquent une forte augmentation de la mortalité chez les piétons. Les passages piéton en trois dimensions sont donc des dispositifs de signalisation routière dont le but est de faire ralentir les automobilistes et protéger ces usagers de la route les plus vulnérables.
Grâce à un jeu de couleurs blanc, gris et noir créant une illusion d’optique censée simuler la présence d’un obstacle sur la route, les conducteurs, surpris, ont tendance à baisser leur allure.
Comme toute expérimentation impliquant des équipements routiers, cela nécessite, avant tout la mise en place d’une procédure d’expérimentation spécifique et la remise d’un dossier à la délégation de la sécurité routière, qui validera, ou non la demande.
Pour ne pas être accidentogène, et donc produire l’effet contraire de celui désiré, ces passages piéton ne sont destinés à être installés que dans les zones limitées à 30 ou 50km/h, dans lesquelles la vigilance des automobilistes est déjà accrue.
Pour répondre aux exigences de l'arrêté du 21 juillet 2018, les passages piétons en 3D :
Si votre commune est tentée par une telle expérimentation, sachez néanmoins que le coût d’un passage piéton en trois dimensions est 5 à 10 fois supérieur à celui d’un passage piéton traditionnel.
Si à priori cette innovation semble être une idée séduisante, les retours sont plus que mitigés. Alors peut-on affirmer que ces dispositifs 3D sont une réelle avancée en terme de sécurité routière ? Non, selon un rapport du CEREMA, jugeant les résultats peu concluent.
Tout d’abord, ce marquage au sol n’a aucun effet sur les automobilistes ne prêtant pas assez attention a leur environnement. Si sur le coup, le dispositif surprend et incite à ralentir, plus le temps passe, plus les usagers s’y habituent, surtout s’il le rencontre quotidiennement. L’effet de ralentissement observé à la mise en service s’estompe donc jusqu’à retourné à la situation antérieure dans les 6 mois.
Les retours montrent également que dans certaines situations météorologiques (nuit, pluie, faible luminosité…) l’effet 3D n’est pas perceptible, alors que ce dispositif a un coût au moins 5 fois plus élevé qu’un passage piéton classique.
Enfin, des études d’accidentologie le démontrent, les accidents ayant lieu sur les passages piétons ne sont jamais du à un défaut de détection mais bien au défaut d’entretien de ceux-ci, lorsque la peinture s’efface avec le temps et l’usure.
Pour la sécurité des piétons, la meilleure solution reste donc la mise en place d’un audit obligatoire et régulier de chaque passage piéton pour s’assurer de leur conformité !